Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a appelé lundi les talibans à «veiller à ce qu’il n’y ait pas de répétition» d’incidents comme celui qui s’est produit dimanche à la frontière commune après des affrontements qui ont fait au moins sept morts.
«Le gouvernement intérimaire afghan doit veiller à ce que de tels incidents ne se reproduisent pas», a-t-il déclaré dans un message sur son compte Twitter après les événements, qui ont tué un taliban et six Pakistanais – un soldat et cinq civils – dans le sillage du récent pic de tension à la frontière.
«Les tirs non provoqués et les attaques d’artillerie des forces frontalières afghanes à Chaman, qui ont conduit au martyre de nombreux citoyens pakistanais et blessé plus d’une douzaine de personnes, sont regrettables et méritent la plus forte condamnation», a-t-il déclaré.
Le ministère pakistanais des Affaires étrangères s’est également exprimé dans le même sens, dénonçant le fait que «les forces frontalières afghanes ont eu recours à des tirs non provoqués et indiscriminés sur des civils à Chaman». «Ces incidents malheureux ne sont pas conformes aux liens fraternels entre les deux pays», a-t-il ajouté.
«Les autorités afghanes ont été informées que la répétition de tels incidents devait être évitée et que les mesures les plus strictes devaient être prises à l’encontre des responsables», a indiqué le ministère dans un communiqué publié sur son site Internet.
«Il existe une possibilité pour les deux parties de protéger les civils le long de la frontière. Les autorités compétentes des deux pays restent en contact pour veiller à ce que la situation ne s’aggrave pas et à ce que de tels incidents ne se reproduisent pas», a-t-il déclaré.
Il n’y a pas de détails à ce stade sur les causes de ces affrontements, qui surviennent après qu’un militaire pakistanais ait été tué en novembre lors d’un échange de tirs au poste frontière, entraînant sa fermeture pendant plus d’une semaine.
Elle est également intervenue quelques jours après une attaque contre l’ambassade du Pakistan à Kaboul et après que le groupe armé Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), connu sous le nom de Taliban pakistanais, a annoncé la fin d’une trêve annoncée dans le cadre d’une série de contacts avec Islamabad qui ont été arbitrés par les Taliban afghans.
Les autorités afghanes et pakistanaises ont convenu en janvier de former un comité ministériel conjoint pour résoudre les différends relatifs à la ligne Durand, longue de 2 640 kilomètres, qui marque la frontière entre les deux pays.
La ligne Durand a été établie en 1893 à la suite d’un accord entre Mortimer Durand, alors secrétaire britannique aux affaires étrangères en Inde, et l’émir afghan Abdur Rahman Khan, afin de délimiter les sphères d’influence. Après l’indépendance du Pakistan, Islamabad a fini par la reconnaître comme sa frontière avec l’Afghanistan, bien que Kaboul n’ait pas fait de même. Cette ligne divise les communautés pachtoune et baloutche vivant de part et d’autre de la frontière, ce qui a entraîné des différends dans les deux pays.