Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de relever les taux d’intérêt de 50 points de base, de sorte que le taux de référence pour ses opérations de refinancement s’établira à 2,50 %, tandis que le taux de dépôt atteindra 2 % et le taux de prêt 2,75 %, prévoyant de nouvelles augmentations «significatives» lors des prochaines réunions.
«Le Conseil des gouverneurs a décidé aujourd’hui de relever les trois taux d’intérêt directeurs de la BCE de 50 points de base et, compte tenu de la révision considérable à la hausse des perspectives d’inflation, envisage de les relever encore», a annoncé la banque dans un communiqué.
Avec cette quatrième hausse consécutive du loyer de l’argent, qui a atteint son plus haut niveau depuis décembre 2008, la BCE a modéré l’intensité de la normalisation de sa politique monétaire, après les deux augmentations de 75 points de base lors des réunions d’octobre et de septembre, suite à une première hausse d’un demi-point de pourcentage en juillet.
En particulier, le Conseil des gouverneurs estime que les taux d’intérêt » devront encore être relevés de manière significative et à un rythme soutenu » à des niveaux suffisamment restrictifs pour permettre de revenir en temps utile à l’objectif de 2 % à moyen terme.
À terme, selon l’institution, le maintien des taux d’intérêt à des niveaux restrictifs réduira l’inflation, en freinant la demande, et protégera également contre le risque d’une évolution persistante à la hausse des anticipations d’inflation.
En tout état de cause, la BCE a souligné que les futures décisions de politique monétaire du Conseil des gouverneurs continueront à dépendre des données et suivront une approche fondée sur les données lors de chaque réunion.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du Conseil des gouverneurs, Christine Lagarde, présidente de la BCE, a expliqué que la lecture combinée des deux caractéristiques des hausses à venir (significatives et à un rythme soutenu) signifie que, sur la base des données disponibles à l’heure actuelle, il faut s’attendre à une hausse des taux «à un rythme de 50 points de base sur une certaine période».
En ce sens, il a justifié la hausse des taux et l’intention de «relever encore sensiblement les taux», car l’inflation est encore trop élevée et devrait rester trop longtemps au-dessus de l’objectif de 2 %.
Ainsi, elle a souligné que les risques pesant sur les perspectives de croissance de la zone euro sont orientés à la baisse, en particulier à court terme, tandis que les risques pesant sur les perspectives d’inflation sont principalement orientés à la hausse.
LA RÉDUCTION DU PORTEFEUILLE DE LA DETTE.
En revanche, la BCE a confirmé qu’à partir de début mars 2023, la taille du portefeuille APP diminuera à un rythme mesuré et prévisible, car l’Eurosystème ne réinvestira pas intégralement le principal des titres arrivant à échéance.
À cet égard, il a noté que la baisse sera en moyenne de 15 milliards d’euros par mois jusqu’à la fin du deuxième trimestre de 2023, et qu’ensuite le rythme sera déterminé ultérieurement.
En ce qui concerne le PEPP, le plan d’achat d’urgence lancé pendant la pandémie, le Conseil des gouverneurs prévoit de réinvestir le principal des titres arrivant à échéance achetés dans le cadre de ce programme jusqu’à fin 2024 au moins.
En tout état de cause, elle a indiqué que l’échéance future du portefeuille PEPP sera gérée de manière à éviter toute interférence avec l’orientation appropriée de la politique monétaire.
Ce faisant, il a souligné que le Conseil des gouverneurs » continuera d’agir avec souplesse en ce qui concerne le réinvestissement du principal des titres arrivant à échéance dans le portefeuille du PEPP «, afin de contrer les risques liés à la pandémie pour le mécanisme de transmission de la politique monétaire.
D’AUTRES BANQUES CENTRALES.
La décision de la BCE de relever ses taux d’intérêt de 50 points de base intervient quelques jours après l’annonce que le taux d’inflation en glissement annuel de la zone euro s’est établi à 10 % en novembre, soit six dixièmes de point de pourcentage en dessous du niveau record enregistré en octobre et son premier ralentissement en 17 mois.
L’attitude moins agressive de la BCE est conforme à celle d’autres grandes banques centrales, telles que la Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre, qui ont annoncé, lors de leurs réunions respectives de politique monétaire de décembre, des hausses de taux d’intérêt plus faibles.
Plus précisément, le Comité fédéral de l’open market (FOMC) de la Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé hier d’approuver à l’unanimité une hausse des taux d’intérêt du pays de 50 points de base, pour atteindre une fourchette cible comprise entre 4,25 % et 4,5 %, modérant le rythme de la hausse par rapport aux 75 points de base de la décision précédente.
Le prix de l’argent aux États-Unis atteint ainsi son plus haut niveau depuis décembre 2007, quelques mois avant que la crise de cette année-là ne soit déclenchée par les faillites de Bear Sterns et Lehman Brothers. Avec la hausse de mercredi, la Fed a maintenant augmenté les taux sept fois sur les huit fois où elle s’est réunie en 2022.
Entre-temps, le comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre a décidé jeudi de relever le taux d’intérêt de référence pour ses opérations de 50 points de base pour le porter à 3,50 %, son niveau le plus élevé depuis l’automne 2008, après la hausse de 75 points de base lors de sa précédente réunion.