L’Union européenne a critiqué jeudi la condamnation «disproportionnée» du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, estimant qu’elle confirme «le manque systémique d’indépendance du pouvoir judiciaire».
Le service d’action extérieure de l’UE, dirigé par le haut représentant pour la politique étrangère Josep Borrell, a déclaré que la condamnation du chef du Parti républicain du peuple (CHP), parti d’opposition, constituait «un revers majeur pour la démocratie en Turquie» et qu’elle était «disproportionnée».
«Cela confirme le manque systémique d’indépendance du pouvoir judiciaire et la pression politique indue sur les juges et les procureurs en Turquie», a-t-il déclaré. M. Imamoglu a été condamné mercredi à deux ans et sept mois de prison pour avoir insulté des membres du Conseil électoral suprême (YSK) du pays.
De plus, à quelques mois des élections présidentielles, l’UE regrette qu’elle porte atteinte à la liberté et à l’égalité des chances dans les scrutins, soulignant que cette condamnation est «particulièrement significative» dans le contexte de la politisation du système judiciaire turc.
«La Turquie doit inverser le recul continu en matière de droits de l’homme et d’État de droit», a déclaré la diplomatie européenne dans son communiqué.
Jeudi, les principaux dirigeants de l’opposition turque ont promis de «mettre fin à la tyrannie» et de former une coalition nationale pour remplacer le président Recep Tayyip Erdogan. Le président sortant a remporté la mairie d’Istanbul avec une faible marge lors des élections de mars 2019, où il a affronté un allié d’Erdogan.
Les résultats ont été rejetés par les autorités compétentes et, après la tenue d’un nouveau vote en juin 2019, il a gagné avec une plus grande marge, infligeant un revers majeur au président et au parti au pouvoir.