Le gouvernement vénézuélien et le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, ont convenu de prolonger de deux ans la mission spéciale du bureau du haut-commissaire aux droits de l’homme dans ce pays des Caraïbes.
M. Türk lui-même a annoncé cette mesure lors d’une visite officielle à Caracas au cours de laquelle il a pu constater les «profondes divisions sociales» et les «défis en matière de droits de l’homme auxquels est confronté ce pays dans les domaines civil, politique, économique et social», a expliqué le bureau de M. Türk dans un communiqué.
M. Türk a souligné l’intense programme de réunions qui lui a permis de rencontrer de hauts responsables du gouvernement, à commencer par le président, Nicolás Maduro, et jusqu’à 125 membres de la société civile, défenseurs des droits de l’homme, victimes de violations des droits de l’homme et représentants d’organisations de victimes de tout le pays.
Lors de ses rencontres avec les autorités, M. Türk a notamment abordé les questions liées à l’espace civique, aux conditions de détention et aux retards judiciaires, et a appelé à des «mesures significatives» pour réformer les secteurs de la justice et de la sécurité. «J’ai le sentiment qu’il y a une reconnaissance générale à travers le spectre politique et social de la nécessité d’une réforme», a-t-il déclaré.
«J’ai entendu des histoires de personnes détenues arbitrairement et torturées, et de membres de leur famille tués lors d’opérations de sécurité et de manifestations. Une femme a été submergée par l’émotion en racontant comment, il y a deux ans, sa sœur avait été arrêtée, violée et torturée. Lors de mes rencontres avec le président et les ministres, j’ai demandé la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement», a-t-elle souligné.
Ainsi, Türk a soulevé «l’utilisation extensive et prolongée de la détention provisoire». «On m’a promis que les allégations de torture seraient traitées de manière décisive, qu’elles feraient l’objet d’une enquête approfondie et que les responsables seraient traduits en justice», a-t-il déclaré.
Les représentants de la société civile ont partagé avec Türk des informations sur «la situation souvent désastreuse dans les prisons et le manque de nourriture, de médicaments adéquats et d’accès à des soins de santé en temps opportun». Dans ce contexte, il a demandé à étendre les visites de son équipe à toutes les prisons du pays, y compris celles relevant de la juridiction militaire.
Ils lui ont également fait part «avec force» des problèmes économiques auxquels le Venezuela est confronté, «notamment ceux liés au salaire minimum et aux retraites, et de l’impact que cela a sur la vie quotidienne des gens, limitant la jouissance de leurs droits à l’alimentation, à l’eau, aux soins de santé, à l’éducation et aux autres droits économiques et sociaux».
«Ils ont décrit des coupures de courant régulières, le manque d’eau courante, la démission de leur emploi, l’impossibilité de survivre avec leur salaire mensuel», a-t-il rappelé, tout en mentionnant les rapports des Nations unies qui chiffrent à sept millions le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire dans le pays.
IMPACT DES SANCTIONS Türk a également mentionné que différents groupes de personnes, y compris les acteurs humanitaires et les agences des Nations unies, «m’ont parlé de l’impact des sanctions sectorielles sur les segments les plus vulnérables de la population et des obstacles que les sanctions créent pour le redressement et le développement du pays, en particulier après la pandémie.
«Si les racines de la crise économique du Venezuela sont antérieures à l’imposition de sanctions économiques, comme je l’ai souligné dans mes interactions, il est clair que les sanctions sectorielles imposées depuis août 2017 ont exacerbé la crise économique et entravé la jouissance des droits de l’homme», a-t-il souligné.
Pour toutes ces raisons, il a rappelé que son Bureau a recommandé à plusieurs reprises la suspension ou la levée des mesures qui «ont un effet néfaste sur les droits de l’homme et aggravent la situation humanitaire, un appel que nous lançons également à l’égard des mesures coercitives unilatérales imposées à d’autres pays».
Enfin, M. Türk a mentionné le dialogue ouvert avec l’opposition au Mexique, réitéré son soutien et souligné «la nécessité d’écouter les victimes dans le processus politique». «Tout comme une rivière continue de couler malgré les pierres sur son chemin, l’engagement et le dialogue constructif peuvent forger un chemin à travers les obstacles», a-t-il déclaré.
Source: (EUROPA PRESS)