Le président du Pérou, Pedro Castillo, a annoncé mercredi, lors d’un discours à la nation, la dissolution du Congrès et la convocation de nouvelles élections législatives, quelques heures avant de faire face à sa troisième motion de censure.
M. Castillo a fait cette annonce lors d’un discours à la nation dans lequel il a également déclaré qu’il y aurait un couvre-feu dans le pays de 22 heures, heure locale, à 4 heures du matin, selon le journal «La República».
«En réponse aux demandes des citoyens dans tout le pays, nous avons pris la décision de mettre en place un gouvernement d’exception visant à instaurer l’état de droit et la démocratie, à cet effet les mesures suivantes sont dictées : dissoudre temporairement le Congrès de la République et mettre en place un gouvernement d’exception», a-t-il annoncé.
Le président péruvien a également déclaré que tous les citoyens en possession d'»armes» illégales devaient les remettre à la police nationale dans les 72 heures. En outre, il a ajouté lors de son discours que le système judiciaire sera réorganisé, selon le journal «El Comercio».
À un autre moment de son discours, le président Castillo a souligné que les forces de sécurité disposeront de tous les moyens nécessaires pour lutter contre la criminalité, la corruption et le trafic de drogue, et qu’il informera l’Organisation des États américains (OEA) de la décision qu’il a prise.
RÉACTIONS Suite à cette annonce, certains membres de son cabinet ont déjà démissionné, comme le ministre du Travail, Alejandro Salas, le ministre de l’Éducation, Rosendo Serna, et le ministre des Affaires étrangères, César Landa, qui a accusé Castillo d’avoir «violé» la Constitution en fermant le Congrès.
«Je condamne fermement cet auto-coup d’État et j’appelle la communauté internationale à aider à remettre la démocratie sur les rails au Pérou. M. Castillo a pris cette décision à mon insu et sans mon soutien», a fait remarquer M. Landa sur Twitter.
L’ambassadeur du Pérou aux Nations unies, Manuel Rodríguez Cuadros, a démissionné de son poste «à cause du coup d’État au Pérou», et le ministre de la Justice, Felix Chero Medina, «respectueux des institutions», a quitté son poste «irrévocablement».
«Ayant violé l’État de droit et conformément à mes principes démocratiques, je démissionne irrévocablement de mon poste de ministre de l’Économie et des Finances», a annoncé Kurt Burneo, l’ancien chef du ministère de l’Économie et des Finances.
María del Carmen Alva, qui était il y a encore quelques mois présidente du Congrès, a pris la parole sur les médias sociaux pour dénoncer le «coup d’État» de Castillo, qu’elle a qualifié de «corrompu», tout en appelant les forces armées et la police à défendre la démocratie et à assumer leur rôle constitutionnel. «Les Péruviens ne permettront pas qu’ils volent notre liberté», a-t-il écrit.