Le président serbe Aleksandar Vucic a demandé dimanche à la mission de l’OTAN au Kosovo (KFOR) et à la mission civile de l’Union européenne au Kosovo (EULEX) des «garanties» pour protéger les Serbes du Kosovo qui se sont barricadés dans les zones du nord, où ils sont majoritaires, et qui font face à un ultimatum du Premier ministre kosovar Albin Kurti, qui leur a donné jusqu’à ce soir pour démanteler les barrages.
Les barricades serbes du Kosovo ont été érigées pour protester contre l’arrestation de Dejan Pantic, ancien policier serbe du Kosovo, qui a été arrêté par la police du Kosovo après être rentré chez lui. La famille de M. Pantic affirme être sans nouvelles depuis son arrestation en début de semaine, selon le Kosovo, pour agression contre les forces de sécurité.
M. Pantic, comme 600 autres officiers serbes du Kosovo, a démissionné de son poste dans le cadre d’un boycott total déclaré en novembre par Lista Serbia, une importante force politique serbe du nord du Kosovo. Il s’agit du dernier épisode en date d’un conflit qui couve depuis l’indépendance du Kosovo en 2008 et la crise dite des plaques minéralogiques sur le pouvoir d’identification des véhicules entre Pristina et Belgrade.
«Aujourd’hui est sans doute le jour le plus difficile pour moi depuis que je suis président de la République ou premier ministre de Serbie, et probablement la nuit la plus difficile m’attend», a déclaré Vucic dans des remarques après une réunion d’urgence de son Conseil de sécurité nationale sur ce qu’il a décrit comme «une tentative du Kosovo de mettre fin au «problème serbe»».
M. Vucic a demandé à la KFOR et à EULEX de «garantir» que les forces de sécurité kosovares «ne prendront pas de mesures violentes» contre les manifestants dans le nord du Kosovo, avant d’appeler la population à se calmer pour ne pas envenimer davantage la situation, selon le radiodiffuseur public serbe RTS.
«Parce que, selon la décision des Nations unies, la KFOR est la force de sécurité qui doit garantir la sécurité des Serbes, et si elle ne la garantit pas, alors tout sera parfaitement clair pour nous», a-t-il averti, avant d’applaudir les forces de sécurité pour leur préparation au cas où la situation s’aggraverait encore.
«Je suis fier de nos soldats et de nos policiers. Nous n’avons jamais vu autant de personnes prêtes à se rendre disponibles pour leur patrie», a-t-il déclaré.
M. Vucic a également accusé les États-Unis et le Kosovo de ne respecter absolument aucun accord depuis l’indépendance. «La charte de l’ONU ou les accords de Bruxelles ou de Washington : citez-en un, n’importe lequel, qu’eux et les Américains remplissent et vous verrez que c’est impossible», a-t-il dénoncé.
«Ce qui s’est passé, c’est que le Kosovo et les États-Unis ont créé un monstre ensemble il y a 23 ans», a déclaré M. Vucic, faisant référence à la fin de la guerre du Kosovo, «qui est née dans (l’indépendance du Kosovo en) 2008». Le président a défendu les barricades comme une protestation pacifique. «Personne ne les a faits sur un coup de tête ou parce qu’ils aiment geler, et ils n’empêchent pas le mouvement» d’un Albanais du Kosovo.
«Notre conscience est claire. Nous avons les mains liées, mais même lorsque nous sommes acculés, nous devons nous battre. Mon message à la population est de respecter EULEX et la KFOR et de ne pas se laisser provoquer», a déclaré M. Vucic.
M. Vucic a annoncé samedi qu’il allait demander à l’OTAN de déployer l’armée et la police serbes au Kosovo dans le cadre de ce regain de tension, une demande sans précédent depuis la fin de la guerre au Kosovo il y a plus de 20 ans.
Bien que le président ne se fasse «aucune illusion» sur la possibilité que l’OTAN accepte un tel déploiement à un moment aussi critique, M. Vucic a défendu le droit de la Serbie à faire une telle demande et a critiqué la marge de manœuvre dont jouissent les autorités kosovares, qui ont déclaré leur intention de demander ce mois-ci à rejoindre l’Union européenne, a-t-il déclaré dans un discours rapporté par la chaîne B92.
Si la demande est confirmée, ce serait la première fois que Belgrade demande à se déployer au Kosovo en vertu des dispositions d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui a mis fin à une guerre de 1998-1999 au cours de laquelle l’OTAN est finalement intervenue pour protéger le Kosovo, à majorité albanaise.