L’Union européenne a officiellement lancé mardi sa mission de formation visant à entraîner 15 000 militaires ukrainiens à lutter contre l’agression russe. La mission devrait faire ses premiers pas dans deux semaines avec deux sites principaux : la Pologne et l’Allemagne, bien que d’autres États membres effectuent leurs propres formations.
L’initiative a été lancée ce mardi lors de la réunion des ministres européens de la défense, qui ont donné suite à la décision adoptée en octobre dernier de former quelque 12 000 recrues ukrainiennes au cours des deux prochaines années, en plus de la formation spécialisée de 3 000 autres commandants de l’armée ukrainienne.
Le tout dans le but d’améliorer la capacité militaire des forces armées ukrainiennes dans leur défense de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du pays face à l’agression militaire ordonnée par le président russe Vladimir Poutine le 24 février.
«La guerre aujourd’hui est une chose très sophistiquée. Il faut des capacités spécifiques pour pouvoir utiliser des armes modernes, des tactiques modernes dans une guerre complètement différente de celle à laquelle nous étions habitués à l’époque classique», a déclaré le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borrell, avant la réunion à Bruxelles.
Le chef de la diplomatie de l’UE a souligné que «tous les pays européens apporteront leur contribution» avec différentes tâches de formation. «L’important est que les différents États membres contribueront avec des capacités de formation différentes», a-t-il déclaré, citant l’exemple de l’Espagne, qui forme déjà des recrues ukrainiennes.
Pour M. Borrell, la guerre en Ukraine a pris une «tournure complètement différente» de celle à laquelle Poutine s’attendait lorsqu’il a lancé l’offensive militaire contre l’Ukraine il y a près de neuf mois, et il s’est félicité du fait que cette mission de formation ait été approuvée en un temps record et devienne un élément central du soutien militaire de l’UE à l’Ukraine.
BUDGET DE 107 MILLIONS D’EUROS ET JUSQU’À 20 CONTRIBUTEURS Le budget commun de l’opération s’élève à 107 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 16 millions d’euros pour les munitions et l’équipement de l’opération, que les Vingt-sept ont décidé mardi de financer par le biais de la Facilité européenne de paix.
Le nombre de pays contributeurs et l’effectif total des troupes que l’UE mobilisera pour mener à bien ces tâches restent à définir, bien que de nombreux États membres aient manifesté leur intérêt à contribuer à la mission. Selon des sources européennes, entre 15 et 20 pays participeront à l’opération, qui sera de nature européenne et comprendra des équipes multinationales.
Compte tenu de la nécessité d’une coordination opérationnelle dans une mission de ce type, le commandement sera centralisé dans la capitale européenne sous la figure du directeur général de l’État-major de l’UE, l’amiral Hervé Blejean.
À ce jour, plusieurs pays de l’UE ont déjà offert leur contribution à la mission. L’Espagne a annoncé qu’elle contribuerait à la formation de jusqu’à 2 400 militaires par an, tandis que d’autres pays comme le Danemark, la Finlande et les Pays-Bas participent déjà à des programmes similaires sous la direction du Royaume-Uni. Il s’agit en partie de rassembler sous un parapluie européen tous ces efforts que les États membres déploient déjà de manière bilatérale avec Kiev.
Le Haut Représentant a également mis en garde, à son arrivée à la réunion, contre la nécessité de reconstituer conjointement les réserves militaires au niveau national, à la suite des efforts déployés par les États membres pour fournir à l’armée ukrainienne des armes et des munitions.
En ce sens, elle a souligné que ces achats devraient être effectués conjointement, conformément aux demandes de Bruxelles, qui a créé un fonds de 500 millions d’euros pour encourager ce type de transaction dans l’UE-27.
«Les stocks doivent être reconstitués. L’important est d’aller ensemble, pour ne pas diviser le marché, pour éviter la concurrence. Nous devons éviter ce qui s’est passé avec les vaccins. Tous ensemble, nous pouvons avoir de meilleurs prix, une meilleure qualité et de meilleurs délais de livraison», a déclaré M. Borrell.
Les achats et investissements militaires conjoints sont en baisse depuis 2016 et sont loin de l’objectif de 35 % de dépenses conjointes. Bruxelles estime qu’en 2020, seuls 11 % des dépenses de défense en Europe seront consacrés à des projets communs.