L’ancien Premier ministre sénégalais Aminata Touré a accusé le président du pays, Macky Sall, d’être à l’origine de la décision du Parlement de la priver de son siège après qu’elle a pris ses distances avec le président et annoncé qu’elle se présenterait à l’élection présidentielle de 2024.
«Je n’ai jamais écrit de lettre de démission ni annoncé ma démission du parlement ou (du gouvernement de coalition Benno Bok Yaakaar (BBY))», a-t-il déclaré dans un communiqué, dans lequel il a souligné «une violation claire» de la constitution et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Selon lui, «c’est un hold-up commandité par le président Macky Sall, qui ne supporte pas la présence de son ancienne tête de liste à l’Assemblée nationale». «En revanche, Sall est favorable à l’accueil de la femme politique la plus raciste de France au palais de la République», a-t-il critiqué, faisant référence à la récente visite de Marine Le Pen dans le pays.
M. Touré a déclaré qu’il allait «emprunter toutes les voies judiciaires nationales et internationales pour mettre fin à cette injustice», qu’il a qualifiée de «nouvelle preuve des attaques du président contre la démocratie et les générations de Sénégalais et de Sénégalaises qui se sont battus dans la sueur et le sang».
«Aujourd’hui, cette quête d’un troisième mandat (de la part de Sall) est une ligne de rupture dans le pays», a-t-il averti, avant d’indiquer qu’il y a «un camp qui veut préserver ses intérêts personnels, même s’il doit brûler le pays, et un autre camp qui est déterminé à défendre la démocratie, les valeurs de justice sociale, de paix, d’égalité et de respect des autres».
«Dans ce combat, je donnerai mon dernier souffle si nécessaire. Je suis prête à tout parce que je crois que la vie n’a pas de sens si elle est dépourvue d’honneur et n’est pas en accord avec ses propres convictions», a-t-elle déclaré dans sa déclaration, publiée sur son compte Twitter.
Dans cette ligne, elle a averti qu'»il n’y a jamais eu ce niveau de haine, d’abus de pouvoir, d’exclusion des sensibilités politiques à celles de Sall qu’ils veulent imposer dans leur quête d’un troisième mandat qui serait une violation de la Constitution, de l’ancrage de la République».
«Sall veut nous imposer la force et rien que la force», a déclaré Touré, qui a souligné que «sa voie vers un troisième mandat est inacceptable d’un point de vue juridique et moral». «Il utilisera tous les moyens possibles contre ses adversaires politiques», a-t-il déploré.
Pour cette raison, il a rappelé aux forces de sécurité qu'»elles sont exclusivement au service du peuple sénégalais et non au service des objectifs crypto-personnels de Sall, ce que l’on peut également dire de tous les organes de l’État, en particulier du pouvoir judiciaire».
«J’appelle tous les démocrates de ce pays (…) à une mobilisation massive autour d’une plateforme nationale de défense de la démocratie afin de préserver les avancées démocratiques», a conclu Touré.
L’opposition a dénoncé à plusieurs reprises le projet du président de briguer un troisième mandat, bien que M. Sall ait exclu cette option. La constitution sénégalaise limite le nombre total de mandats à deux, et une tentative de prolonger son séjour au pouvoir pourrait conduire à l’instabilité.
Source: (EUROPA PRESS)