Les autorités iraniennes ont exécuté 582 personnes par pendaison en 2022, selon un rapport publié par les organisations non gouvernementales Iran Human Rights (IHR) et Ensemble contre la peine de mort (ECPM), qui note que ce chiffre est le plus élevé depuis 2015 et affirme que l’objectif du gouvernement iranien est d'»instiller la peur pour s’accrocher au pouvoir».
Les ONG ont noté dans la préface du rapport qu'»en raison d’un contexte très difficile, du manque de transparence et des risques et contraintes évidents auxquels sont confrontés les militants en Iran, le rapport ne donne pas une image complète de l’application de la peine de mort en Iran».
Il y a des rapports d’exécutions qui ne sont pas inclus dans ce rapport en raison d’un manque de détails ou de l’incapacité de confirmer les cas par deux sources différentes», ont-ils expliqué, avant de souligner qu’il n’inclut pas non plus les 537 manifestants tués lors des manifestations qui ont suivi la mort de Mahsa Amini et les «morts suspectes en détention» ou «ceux qui ont été tués par la torture».
À cet égard, ils ont rappelé qu’à ce jour, quatre personnes ont été exécutées pour leur rôle dans les manifestations, qui ont éclaté en septembre à la suite de la mort en détention d’Amini, une jeune femme kurde iranienne arrêtée dans la capitale, Téhéran, pour avoir prétendument porté le voile de manière incorrecte.
Plus de 100 manifestants font face à des accusations passibles de la peine de mort et au moins 20 ont été condamnés à mort dans des procès en première instance», ont-ils déclaré, avant de noter que «les fortes critiques internationales» ont «sauvé» certaines des personnes condamnées pour l’instant.
Toutefois, ils ont expliqué que «les autorités ont accéléré l’exécution de prisonniers pour des motifs non politiques, avec au moins 127 exécutions en novembre et décembre 2022». Parmi eux, 67 ont été condamnés pour des délits liés à la drogue et 53 pour meurtre.
Le directeur de l’IHR, Mahmud Amiri-Moqadam, a déclaré que «les réactions internationales aux condamnations à mort prononcées contre des manifestants ont empêché la République islamique de procéder aux exécutions. Pour compenser et répandre la peur parmi la population, les autorités ont multiplié les exécutions pour des motifs non politiques», a-t-il déploré.
Ce sont les victimes à bas prix de la machine à exécuter de la République islamique. Pour arrêter cette machine, la communauté internationale et la société civile, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran, doivent réagir de la même manière à chaque exécution», a-t-il souligné.
Dans cette optique, les ONG ont précisé que plus de la moitié des personnes exécutées depuis le début des manifestations et 236 du total – soit 44 % – avaient été condamnées pour des délits liés à la drogue, soit plus du double qu’en 2021 et dix fois plus qu’en 2020.
Le rapport note également que seules 71 des exécutions (12 %) ont été annoncées par des sources officielles, contre 16,5 % en 2021 et 33 % en moyenne entre 2018 et 2020, tandis que les 288 exécutions pour meurtre représentent le nombre le plus élevé depuis plus de 15 ans.
D’autre part, elles ont indiqué que 23 personnes ont été exécutées pour des accusations de viol, tandis que 15 ont été exécutées pour des accusations liées à la sécurité, y compris deux participants aux manifestations. En outre, deux personnes, dont une condamnée pour des actes commis lors des manifestations, ont été pendues dans des lieux publics.
EXECUTIONS DE MEMBRES DE MINORITÉS Les ONG ont également indiqué que «les exécutions de membres de minorités ethniques ont également continué à augmenter en 2022» et ont précisé que «les données recueillies montrent que les prisonniers baloutches représentent 30 % de toutes les personnes exécutées dans le pays, alors qu’ils ne représentent que 2 à 6 % de la population iranienne».
Selon le rapport, 130 personnes ont été exécutées dans les provinces ethniques de l’Azerbaïdjan occidental, de l’Azerbaïdjan oriental, du Sistan et du Baloutchistan et du Kurdistan, soit plus du double du nombre enregistré en 2021 (62) et en 2020 (60), avant d’ajouter qu’au cours des dix dernières années, la majorité des prisonniers exécutés pour des motifs liés à la sécurité étaient des Arabes, des Baloutches et des Kurdes.
Les minorités ethniques font partie des groupes socio-économiquement marginalisés en Iran. La peine de mort fait partie de la discrimination systématique et de la répression étendue dont les minorités ethniques font l’objet en Iran», ont-ils dénoncé.
Ils ont également noté que 288 personnes ont été exécutées pour meurtre en 2022, dont trois mineurs. La plupart des personnes exécutées pour meurtre n’étaient pas accusées de meurtre prémédité», a déclaré Amiri-Moqadam.
Une modification de la loi visant à établir une distinction entre le meurtre avec préméditation et l’homicide involontaire pourrait limiter considérablement le recours à la peine de mort en Iran, mais comme dans le cas de la loi antidrogue, les changements doivent faire l’objet d’une pression internationale soutenue», a déclaré le directeur de l’IHR.
Enfin, le rapport note que «les aveux obtenus sous la torture, le refus d’accès à un avocat, à une procédure régulière et à des procès équitables, ainsi qu’un appareil judiciaire fonctionnant comme un organe répressif du gouvernement sans séparation des pouvoirs ni indépendance judiciaire sont des obstacles majeurs à l’abolition de la peine de mort en Iran».
Plus de 44 ans après leur création, les tribunaux révolutionnaires sont toujours responsables d’un grand nombre de condamnations à mort prononcées en Iran», notent les ONG, qui soulignent que «dans le même temps, les appels à la responsabilité et à la justice se sont multipliés en Iran et ont gagné le soutien de la communauté internationale».
Source: (EUROPA PRESS)