
Un groupe de travail confidentiel du ministère estonien des Affaires étrangères a recensé 322 monuments, hommages et pierres tombales qui rappellent le passé soviétique du pays balte et qui pourraient être retirés dans le cadre des mesures de rétorsion que de nombreux pays prennent à la suite de la guerre en Ukraine.
Le groupe fonctionne depuis le mois de juin et est chargé d’évaluer l’avenir des monuments commémoratifs, qui ont été érigés il y a plusieurs décennies pour commémorer le triomphe de l’Union soviétique dans la Seconde Guerre mondiale et la libération de ses anciennes républiques du contrôle nazi.
Le contenu de cette liste est également secret pour l’instant, bien qu’il ne soit pas exclu qu’il soit rendu public. Si le sort de certains de ces monuments est déjà connu, comme la réplique d’un char T-34 dans la ville de Narva (nord-est du pays), qui a été retirée en août, l’avenir de nombreux autres reste inconnu.
En réponse à la controverse sur le secret entourant la commission et ses travaux, le ministre des affaires étrangères Urmas Reinsalu a précisé que «tout sera probablement rendu public plus tard». Il n’y a pas de secrets, a-t-il dit, selon le radiodiffuseur public ERR.
Pour sa part, la ministre de la culture, Piret Hartman, s’est déclarée favorable à la publication de toutes les informations sur le sujet, non seulement parce que «les politiciens n’ont pas intérêt à garder le secret», mais aussi parce que «la société a quelque chose à dire sur ces questions» qui «affectent» son environnement.
Contrairement à ce retrait, les autorités artistiques et culturelles du pays balte ont exprimé leur inquiétude quant à la nouvelle législation en préparation pour donner une base législative à l’ordre donné par le gouvernement en août.
«Ils ont décidé pour nous que nous devions commencer à démanteler tout ce patrimoine, que nous devions commencer à le modifier. Ce qui est triste, c’est que l’on ne comprend pas que l’histoire ne peut être changée. Cela nous prive toutefois de la possibilité de parler de cette histoire», a déclaré l’Académie des arts d’Estonie.