
Un groupe d’experts des Nations unies a demandé à l’Arabie saoudite d’abolir la peine de mort pour les auteurs d’infractions liées à la drogue, après avoir exprimé son inquiétude quant à l’éventuelle exécution d’un ressortissant jordanien de 57 ans accusé d’un tel crime.
«Nous réitérons respectueusement notre appel au gouvernement d’Arabie saoudite pour qu’il envisage d’instaurer un moratoire officiel sur toutes les exécutions en vue d’abolir complètement la peine de mort (…) pour les infractions liées à la drogue avec des peines de prison conformes aux normes internationales», peut-on lire dans une déclaration du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
«En vertu du droit international, les États qui n’ont pas encore aboli la peine de mort ne peuvent la prononcer que pour les «crimes les plus graves», qui impliquent un homicide volontaire. Les crimes liés à la drogue n’atteignent pas ce seuil», ont déclaré les experts des Nations unies.
Le ressortissant jordanien, Hussein Abo Al Keir, transportait des pilules d’amphétamine après avoir été arrêté à la frontière saoudienne en 2014. L’année suivante, Abo a été condamné à mort pour trafic de drogue présumé.
Pendant sa détention provisoire, l’accusé aurait été torturé et contraint de signer de faux aveux. Par la suite, il se serait vu refuser des soins de santé et l’accès à une assistance consulaire.
«L’utilisation de preuves et d’aveux extorqués sous la torture pour condamner des personnes dans le couloir de la mort non seulement viole l’interdiction de la torture, mais est également contraire au droit à un procès équitable en vertu du droit international», ont critiqué les membres du groupe de travail sur la détention d’Abo.
Les experts ont également conclu que la privation de liberté d’Abo est arbitraire, sans base légale, et ont appelé à sa libération.
Ils se sont également alarmés du fait que les exécutions ont lieu sans avertissement préalable. «Le fait de ne pas informer en temps utile les condamnés à mort de la date de leur exécution constitue une forme de mauvais traitement», ont-ils ajouté.
Si le condamné est exécuté, il serait la 21e personne à être exécutée dans le pays de la péninsule arabique depuis le début du mois de novembre. Douze des 20 personnes exécutées sont des ressortissants étrangers.
«Nous sommes préoccupés par le fait qu’un nombre disproportionné de personnes condamnées à mort pour des infractions liées à la drogue sont des migrants. Cette pratique équivaut à un traitement discriminatoire des non-nationaux», ont-ils déclaré.






