
Human Rights Watch a dénoncé jeudi le retard pris dans le rapatriement de plus de 42 400 étrangers accusés de liens avec le groupe djihadiste État islamique et détenus dans des camps et des prisons du nord de la Syrie.
L’organisation a déclaré que les autorités dirigées par les Kurdes détiennent les détenus, pour la plupart des enfants, ainsi que des milliers de Syriens dans des conditions inhumaines, dont la situation a empiré à la suite des récentes attaques turques dans le cadre de l’opération «Griffe d’épée».
«Les attaques de la Turquie soulignent l’urgente nécessité pour tous les gouvernements de contribuer à mettre fin à la détention illégale de leurs citoyens dans le nord-est de la Syrie, en permettant à tous de rentrer chez eux et en poursuivant les adultes en conséquence», a déclaré la directrice adjointe de HRW pour les crises et les conflits, Letta Tayler.
«Pour chaque personne ramenée chez elle, environ sept personnes restent dans des conditions inadmissibles, et la plupart d’entre elles sont des enfants», a déclaré Mme Tayler.
Malgré cette aggravation de la situation, l’ONG a déploré qu’avant les attaques, plusieurs personnes soient mortes dans les camps de réfugiés et les prisons, où sont détenues des personnes originaires d’une soixantaine de pays.
Aucun des étrangers n’a été présenté à une autorité judiciaire dans le nord-est de la Syrie pour déterminer la nécessité et la légalité de leur détention, ce qui rend leur captivité arbitraire et illégale. La détention fondée uniquement sur les liens familiaux équivaut à une punition collective, un crime de guerre, dénonce l’ONG, qui a critiqué les actions des gouvernements.
«Les gouvernements qui contribuent sciemment et de manière significative à cet enfermement abusif peuvent être complices de la détention illégale d’étrangers», indique une déclaration de l’organisation, qui avertit que la détention illégale systématique pourrait constituer un crime contre l’humanité.
A cet égard, HRW a rappelé les normes juridiques internationales, critiquant plusieurs jugements relatifs à la violation de nombreux droits des femmes et des enfants qui n’ont pas été rapatriés en France ou en Finlande, notamment le droit de ne pas être traité de manière inhumaine, le droit à la vie ou le droit à un examen équitable de leurs demandes.
Elle a également rappelé une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies soulignant l’importance de promouvoir la réhabilitation et la réintégration pour aider les femmes et les enfants associés à des groupes tels que l’État islamique qui peuvent être victimes du terrorisme.
L’organisation a appelé les pays à rapatrier ou à aider à ramener les détenus dans leur pays d’origine, en donnant la priorité aux plus vulnérables, notamment les enfants et les mères, car ils ne bénéficient pas de soins médicaux adéquats, d’eau potable, de logement ou d’éducation.
Elle a également exhorté les entités des Nations unies et d’autres organisations à œuvrer à la réinstallation en toute sécurité des ressortissants étrangers exposés à des risques de mort ou de torture.
En outre, il a noté la nécessité de créer des processus judiciaires avec les autorités syriennes pour permettre aux étrangers de contester équitablement leur détention, ce qui permettrait la libération immédiate des innocents.






