Les Etats membres de l’Union européenne n’ont pas réussi à débloquer l’adoption du neuvième cycle de sanctions contre la Russie en représailles à l’agression en Ukraine, après une quatrième réunion des ambassadeurs européens qui n’a pas permis de lever les réticences de la Pologne et de la Lituanie aux exceptions que proposent d’autres partenaires européens pour le transport des engrais russes, ont indiqué des sources diplomatiques à Europa Press.
L’idée des pays de l’UE était d’approuver le paquet de restrictions avant le sommet des dirigeants des 27 ce jeudi à Bruxelles, bien que différentes sources soulignent que la réunion au niveau des ambassadeurs n’a pas dissipé les doutes des Polonais et des Lituaniens qui considèrent que la question de la sécurité alimentaire ne peut pas être utilisée pour «assouplir» les mesures contre Moscou.
Pour leur part, six États membres ayant des intérêts portuaires, dont l’Espagne, ont fait circuler plusieurs versions d’un document visant à définir les exemptions et à garantir qu’elles se limitent exclusivement au transport maritime de denrées alimentaires et d’engrais vers les pays en développement. Tous les documents ont fait l’objet d’un veto de la part de Varsovie et de Vilnius, indiquent des sources diplomatiques, qui parlent d’un «débat philosophique» et insistent sur le fait que permettre aux oligarques d’opérer dans un secteur de première nécessité ne revient pas à les «soustraire aux sanctions».
À son arrivée au sommet, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a accusé «plusieurs pays» de retirer les sanctions contre les oligarques russes, dont des «proches alliés» du président russe Vladimir Poutine. «Les lobbyistes russes sont souvent actifs à Bruxelles et leur objectif est clair : trouver des solutions alternatives aux sanctions, les rendre moins strictes et plus faciles», a-t-il déclaré à l’entrée du sommet avec ses homologues européens, soulignant que la Pologne souhaite renforcer les mesures. Les sources diplomatiques notent également que la prolongation de certaines sanctions sectorielles qui expirent en janvier et dont le renouvellement dépend d’une décision à 27 suscite des inquiétudes.
Dans le même ordre d’idées, le président lituanien Gitanas Nauseda a appelé à maintenir des sanctions aussi sévères que possible. «Nous avons des doutes sur les tentatives d’assouplissement des sanctions en raison de la sécurité alimentaire. Cela ne peut servir d’excuse pour alléger les sanctions contre les oligarques russes. Chaque jour, des gens meurent sous les bombes russes», a-t-il souligné.
Cela s’ajoute à la nécessité de confirmer l’aide macrofinancière de 18 milliards d’euros à l’Ukraine d’ici 2023, après avoir surmonté le veto de la Hongrie, une position qui a été critiquée par Nauseda. «Je vois que parfois on fait du chantage. Bien sûr, la Russie nous fait du chantage, mais il n’est pas bon que nous commencions à nous faire du chantage mutuel», a critiqué le dirigeant lituanien.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, s’est montré plus optimiste à son arrivée au sommet, insistant sur le fait qu’il espérait que le paquet de sanctions pourrait être adopté rapidement et que les dirigeants confirmeraient les 18 milliards d’aide macrofinancière à l’Ukraine d’ici 2023. «Je suis confiant, je pense qu’il est possible de parvenir à un accord», a-t-il déclaré.
En revanche, le haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borrell, a reconnu que le paquet de sanctions ne sera pas débloqué lors du sommet des dirigeants et qu’il faudra travailler davantage au niveau des ambassadeurs européens pour faire avancer cette initiative.