L’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé le Premier ministre cambodgien Hun Sen d’avoir «éliminé tout vestige de la liberté de la presse» dans le pays après avoir retiré lundi la licence du Centre cambodgien pour les médias indépendants, société mère de l’agence de presse Voice of Democracy (VOD).
Selon Phil Robertson, directeur adjoint de HRW pour l’Asie, VOD a été pendant des années «un pilier important du journalisme d’investigation indépendant et de la critique objective», ce qui fait de sa fermeture «un coup dévastateur pour la liberté des médias» et «aura des répercussions dans toute la société».
Selon la déclaration de l’ONG, le gouvernement cambodgien de Sen contrôle «toutes les stations de radio et de télévision nationales diffusant en khmer», ainsi que la presse écrite en langue khmère. VOD, pour sa part, est apparu en 2003 comme un média indépendant qui a donné sa voix aux cas de corruption, de violations des droits de l’homme et de répression de l’opposition.
Le rôle de la VOD est devenu encore plus pertinent en 2017, lorsque le gouvernement a ordonné la fermeture du «Cambodia Daily» et a forcé la vente du «Phnom Penh Post» à un groupe d’acheteurs proches de Sen. Les autorités ont également ordonné la fin des stations de radio qui avaient diffusé les programmes de Radio Free Asia.
«Le peuple cambodgien est le grand perdant, car il a perdu l’une des dernières sources d’informations indépendantes sur les questions qui affectent sa vie, ses moyens de subsistance et ses droits de l’homme», a déclaré M. Robertson.
Le gouvernement cambodgien a ordonné lundi la fermeture de VOD, l’un des derniers médias indépendants de ce pays d’Asie du Sud-Est, après la publication d’un article qui a «porté atteinte» à la réputation du gouvernement.
L’information à laquelle se réfèrent les autorités cambodgiennes est un rapport publié la semaine dernière dans lequel VOD affirmait que Hun Manet, l’un des fils du Premier ministre Hun, avait signé un programme d’aide de 100 000 dollars — plus de 93 500 euros — pour la Turquie.
Bien que Hun Manet soit le commandant en chef de l’armée cambodgienne, la loi cambodgienne stipule que les dossiers d’aide étrangère ne peuvent être signés que par le chef du gouvernement. Pour le Premier ministre, ces informations n’ont fait que nuire à la réputation du gouvernement.
VOD a même été jusqu’à publier une correction de l’information, ce qui n’a toutefois pas suffi à Sen, qui a finalement ordonné la fermeture de l’organe de presse. Lundi, des policiers cambodgiens ont fait une descente au siège de VOD dans la capitale, Nom Pen.
La décision de M. Sen a rapidement été critiquée par le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, qui a reconnu qu’il était «alarmé» par les événements et «préoccupé» par une décision apparemment «arbitraire». En fait, M. Turk a demandé aux autorités cambodgiennes de revenir sur la fermeture de la VOD.
Source: (EUROPA PRESS)