Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, a exprimé mercredi sa préoccupation concernant l’adoption par l’Ouganda d’une loi qui augmente les peines de prison pour les relations homosexuelles et a appelé le Président Yoweri Museveni à ne pas promulguer une réforme qui «est probablement l’une des pires de son genre dans le monde».
Pour Turk, l’approbation de cette réforme par le Parlement ougandais est «inquiétante», dans la mesure où elle propose de punir la communauté LGTBI «simplement pour exister, pour être ce qu’elle est». Selon lui, il s’agirait d’une «carte blanche» pour la «violation systématique» des droits de l’homme et alimenterait la haine sociale.
La loi confond les relations consensuelles et non consensuelles», selon M. Turk, qui a exhorté les autorités du pays africain à poursuivre les abus »sous toutes leurs formes», indépendamment du sexe ou de l’orientation sexuelle de la personne qui les commet. A cet égard, il a noté que »la loi sera une distraction massive» pour prendre des mesures »nécessaires» contre la violence sexuelle.
Le texte criminalise la simple identification comme LGTBI, avec des peines allant jusqu’à la prison à vie et même la peine de mort si elle est classée comme «homosexualité aggravée», dans les cas où le consentement est considéré comme absent ou la coercition est impliquée. Les personnes qui encouragent les relations entre personnes de même sexe risquent jusqu’à 20 ans d’emprisonnement.
En outre, Turk craint des sanctions contre les journalistes, les travailleurs médicaux et les défenseurs des droits de l’homme «simplement pour avoir fait leur travail», dans un contexte où la persécution des personnes LGBTI était déjà palpable, comme ont tenté de le démontrer les «courageux» activistes et députés qui se sont élevés contre la loi.
Les Nations unies avaient déjà détecté une augmentation des discours de haine à l’encontre de la population LGTBI et se sont fait l’écho d’une étude réalisée par un groupe de la société civile, selon laquelle, pour le seul mois de février, plus de 110 incidents ont eu lieu à l’encontre de cette communauté, allant d’arrestations à des expulsions, en passant par des abus sexuels et des harcèlements publics.
La réforme «n’est pas seulement en contradiction avec les articles de la constitution ougandaise qui consacrent l’égalité et la non-discrimination», mais elle contrevient à toutes les «obligations juridiques internationales» dont l’Ouganda est signataire et met «gravement en danger» les droits les plus fondamentaux des citoyens ougandais, selon M. Turk.
Le chef des droits de l’homme de l’ONU a souligné que «ce n’est pas une question de valeurs», par rapport à l’argument récurrent pour justifier ce type de législation, puisque «promouvoir la violence et la discrimination contre les gens juste à cause de ce qu’ils sont et de ce qu’ils aiment est mal», quelle que soit la façon dont on veut l’argumenter.
Source: (EUROPA PRESS)